Oh
ce vilain Georges-Henry !
Vint d'abord le récit d'un nouveau
tour en mon absence dans mon tiroir de lingerie pour s’imprégner
de l'odeur de mes bas et de mes petites culottes. Avec cette fâcheuse
tendance de se frotter ses parties intimes avec mes jarretelles pour
leur aspect rugueux, mêlé de douceur satinée. J'ai beau à le
punir, même avec la canne, il n'arrive pas à renoncer à ce vice.
Ayant été pendant longtemps engagée
dans l'armée, en charge du drill de nouvelles recrues, je sais
l’exercice hautement bénéfique pour combattre l’oisiveté. J'ai
tenté donc dans le passé de faire marcher au pas mon mari pendant
des longues heures. En lui apprenant, tant qu'on y était de saluer
de manière impeccable on claquant ses talons. C'est un plaisir de le
voir faire sienne cette discipline qui dénote tant de ses grands
discours d'antan sur le ridicule de ceux qui se soumettent sans
broncher à une autorité. Grâce à mon travail il admet enfin
volontairement :
Tu avais
raison, Éléonore. Il n'y a que le martinet qui me fait progresser !
J'ai cru comprendre, vêtue de mon
tailleur uniforme, coupé au plus près de mon corps, d'attiser
encore plus ses élan amoureux. Et imaginez mon étonnement quand il
m'a audacieusement soufflé, le soir au lit, dans l'oreille si je ne
comptais pas aller chez le coiffeur pour me refaire ma coupe à la
garçonne que je portais à notre rencontre. Réveillant le souvenir
de mes émois sensuelles quand il me passait la mains sur ma nuque
parfaitement dégagée. Mais réveillant surtout ma terrible jalousie
à chaque fois quand je l'ai cru contempler l'une de ces provocantes
créatures à la longue chevelure flottante. J'ai compris alors des
années plus tard ce qui l'avait tant séduit en moi.
Puis il m'a rappelé mon sifflet pour
cadencer les exercices de mes recrues. Je n'ai pu m’empêcher de
penser à tous ses jeunes hommes musclés qui transpirèrent à
grosses goûtes sous mes ordres. A mes tours d'inspection les plus
imprévues dans les douches et vestiaires. Voir se dresser à porté
de main et au garde à vous devant moi des beaux mâles, nus de la
tête au pied . Leurs yeux droit devant comme indique le règlement,
tandis que moi j'inspectais sans la moindre gêne ce qui les
distingue des filles. Je me souviens à quel point j'étais troublée
quand je rejoignais mon lit et de mes inavouables fantaisies qui me
harcelèrent. Car déjà à l'époque j'aurais bien aimé de pouvoir
recourir à la discipline corporelle. Seulement je n'étais pas
encore prête pour passer à l'acte.
Ceci me passant par la tête, j'ai
compris que Georges-Henry était le mari qui me fallait. Et pour
parfaire mon bonheur, j’accepterais avec joie la mission de
transformer aussi sa mollassonne bande de copains de foot en un
bataillon de choc, dévoué aux service des dames.
Malheureusement ma sentimentalité
affectueuse fut gâchée par l'aveu d'un achat d'une revue sur papier
glacé, dédiée à la gloire et au charme de dames sévères. Au
premier abord c'est motivant et flatteur à la fois de savoir les
rêveries intimes de mon homme s'imbiber de ses conditions de vie. Ce
qui est nettement moins réjouissant ce sont les traces d'un honteux
acte d'autosatisfaction étalés sur un bas de dos féminin, dépourvu
de tout vêtement, étroitement lacé par un corset. Et quand je lui
ai posé la question sur les raisons du choix de sa cavalière
virtuelle, il m'a avoué une vénération particulière pour un
bijoux que portait cette dame pour cacher de manière aguichante –
et je pèse mes mots - l'endroit le plus honteux de son anatomie.
L'endroit que je ne nommerai point et que j'expose d'habitude
uniquement à mon esthéticienne pour une soigneuse épilation à la
cire, me garantissant une hygiène corporelle irréprochable, même
dans mes zones les plus reculées. Traitement que je trouve
extrêmement agréable et qui m'a confirmé une forte sensibilité
quelque peu gênante à admettre. En fait, je me suis aperçue de ce
caprice de ma nature. Car ma nervosité quand j'étais en train de
punir mon époux m'envahissait toujours de ce côté-là. Je confirme
donc, ce n'est pas une légende urbaine, le goût de la bonne
discipline passe chez certaines personnes par la voie rectale.
Pour calmer ces drôles d'ardeurs j'ai
essayé d'abord sans grand succès des lavements à la camomille.
Puis en confiant mes mésaventures à une copine, elle a attiré mon
attention sur ces choses, quelque peu obscènes, mais parfaitement
étudies pour procurer une agréable détente de cet endroit,
combinée avec un confort inégalé qui permet un port prolongé. Et
depuis, parfois quand Georges-Henry me trouve particulièrement
tatillonne et coincée dans mes attitudes, je me réjouis du soutien
stimulant de mon achat.
Alors
oui, ce jour-là, confrontée à cette dame sur papier glacé, je me
suis sentie trahie dans mes secrets intimes.